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Vers ou prose ?
25 juin 2007

L'Etranger

- Qui aimes-tu le mieux, homme énigmatique, dis ? ton père, ta mère, ta soeur ou ton frère ?

- Je n'ai ni père, ni mère, ni soeur, ni frère.

- Tes amis ?

- Vous vous servez là d'une parole dont le sens m'est resté jusqu'à ce jour inconnu.

- Ta patrie ?

- J'ignore sous quelle latitude elle est située.

- La beauté ?

- Je l'aimerais volontiers, déesse et immortelle ?

- L'or ?

- Je le hais comme vous haïssez Dieu.

- Eh ! qu'aimes-tu donc, extraordinaire étranger ?

- J'aime les nuages... les nuages qui passent... là-bas... là-bas... les merveilleux nuages !

Charles Baudelaire (1821- 1867), Le spleen de Paris (1862)

Ce poème en prose tiré du recueil intitulé parfois Les petits poèmes en prose. Ce poème est probablement un de ses plus énigmatique et beau à mes yeux en dépit de la simplicité de la forme.

Qui est donc cet étranger ? Ce poète sans attache, fugace, qui n'aime que le mouvement, l'instantané et l'insaisissable des nuages...

L'écriture tellement moderne, presque matérialiste de ce cours poème qui n'est lui même dans sa forme que mouvement et instantanéité, représente si bien le caractère élevé, mais fugace et mobile des nuages, qu'il sublime cette beauté que nous offre tous les jours la nature.

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